Etude & tiers-lieux

Les tiers-lieux sont des espaces d’expérimentation où les façons de faire sont réinterrogées en permanence. Les structures culturelles plus « classiques » ne sont pas en reste quant à leur réflexion pour faire autrement. Ainsi, elles questionnent leurs activités, vérifient si elles sont en adéquation avec les besoins des publics accueillis. Les structures pionnières en la matière sont les médiathèques qu’on qualifie parfois de troisième lieu. Espace qui mêle différents publics, les médiathèques se réinventent chaque jour. « En rupture avec une vision élitiste de la culture, la bibliothèque troisième lieu refuse d’être un lieu de prescription du savoir [...]. La bibliothèque troisième lieu célèbre les dissonances culturelles, le voisinage de contenus, la diversité des supports culturels. Elle s’adresse à un usager « omnivore » et lui propose une offre riche et variée, sans hiérarchisation marquée.

 

Ce faisant, elle déculpabilise et désinhibe l’usager ». Les médiathèques sont l’équipement culturel de proximité dont une collectivité se passe rarement. On ne vient pas à la médiathèque aujourd’hui seulement pour emprunter des livres ou autres supports mais pour y faire bon nombre d’activités (jouer, tricoter, assister à une projection, faire une démarche administrative, etc). De plus, les médiathèques ont dû faire face au développement du numérique qui impose de nouveaux usages. L’ouverture vers d’autres activités n’est donc pas un effet de mode pour celles-ci. Cependant les espaces ne sont pas toujours conçus au départ pour ces nouveaux usages, contrairement aux tiers-lieux culturels imaginés dès le départ pour accueillir des activités multiples. Ils sont des espaces ouverts, modulables en fonction des usages et usager.ère.s.

 

Les structures « classiques » qui voudraient diversifier leurs activités se retrouvent parfois limitées, contraintes dans un espace figé, difficile à s’approprier, qui répond à une fonction unique. Pour les structures qui ne sont pas pensées comme des tiers-lieux, leur superficie peut être un réel obstacle au développement sur le modèle des tiers-lieux. Pour le Conservatoire de La Rochelle, « la problématique de devenir  un tiers-lieu c’est l’espace. L’espace est complet dès qu’il y a les cours de musique et danse ». Son déménagement prochain pourra permettre de nouvelles activités. Certaines structures peuvent se permettre de diversifier leurs activités car elles disposent d’espaces importants alors que d’autres, plus petites, doivent composer avec l’envie de proposer de nouvelles activités et des réalités spatiales contraignantes. L’appropriation des espaces est un enjeu important puisque l’agencement et l’aménagement sont pensés en fonction des attentes des usager.ère.s. Si l’espace n’est pas pensé à l’avance en collectif et pour le collectif, il aura peu de chance d’être investi car n’aura pas de sens pour ses usager.ère.s.